Journée d’études – Beyrouth 2018

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La journée d’études organisée par l’AFELSH à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines (FLSH) de l’Université Saint-Joseph (USJ) de Beyrouth a permis de poursuivre et d’enrichir la réflexion sur l’employabilité et l’insertion professionnelle des étudiants en Lettres et Sciences humaines. L’AFELSH s’était penchée sur cette problématique dès 2014 lors d’un colloque tenu à Liège ; ce sujet constitue par ailleurs un des axes privilégiés des actions soutenues par l’AUF. La valeur ajoutée de cette journée d’étude a résidé dans l’importance accordée à l’insertion en entreprises, ainsi que dans la parole donnée aux différents acteurs, responsables académiques et professionnels:

– les Doyens de l’AFELSH ou leurs délégués ont exposé les enjeux auxquels sont confrontées leurs formations, dans des contextes parfois très différents allant d’un fort taux de chômage (Liban, Algérie, Cameroun) à une situation de plein emploi (Canada) en passant par un recours sélectif aux compétences des diplômés (Belgique) ;

– les professionnels étaient représentés par le Directeur des ressources humaines d’une grande entreprise, qui a présenté les principales compétences requises par les recruteurs, dans un marché en pleine mutation et volatilité, et par un cadre diplômé en histoire-relations internationales de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (USJ) qui est revenu sur son parcours et a relevé les qualités nécessaires à une meilleure insertion en entreprise.

Les pratiques novatrices ont été également présentées : 

– au niveau institutionnel, le fonctionnement du Service de l’insertion professionnelle institué à l’Université Saint-Joseph a été présenté par son Directeur ;

– au plan académique, le Chef du département de Lettres françaises de la FLSH a exposé la refonte totale du cursus afin de l’adapter aux nouveaux débouchés qui viennent s’ajouter à ceux, plus classiques, de l’enseignement. A la différence de cette latitude de modifier l’architecture d’une formation dans une université privée comme l’USJ s’opposent les contraintes relevées par certains responsables académiques d’universités publiques (Algérie, Cameroun) ;

– ont été aussi exposés les résultats d’une enquête sur l’employabilité des doctorants en sciences humaines effectuée conjointement par l’USJ et l’Université de Sherbrook.

Le croisement de ces interventions et la participation dynamique de représentants de cinq universités libanaises ont permis de dresser une synthèse et des recommandations qui constituent autant de pistes mises à la disposition des responsables institutionnels et académiques des facultés de lettres et de sciences humaines. Un suivi institutionnel sera à prévoir et à organiser !

Christine BABIKIAN ASSAF, Doyen
Faculté des lettres et des sciences humaines
Université Saint-Joseph


Recommandations pour les universités pour améliorer l’employabilité des étudiants

Note de synthèse de la journée d’études à l’USJ de Beyrouth le 8 novembre 2018

Remarque préalable : la juxtaposition des descriptions du vécu et des bonnes pratiques des intervenants fait comprendre qu’il y a au moins trois composantes qui agissent et qui sont différentes de pays à pays :

  • L’offre : les universités et les établissements d’enseignement supérieur
  • La demande : les entreprises qui embauchent et souhaitent embaucher les meilleurs éléments
  • Le pouvoir régulateur qu’est l’Etat. Les deux premières composantes sont dépendantes des cadres qu’il établit.

Les recommandations qui suivent tentent d’établir des règles générales qui pourraient aller au-delà des particularités des différents pays.

  1. Pour l’étudiant, il faut lui recommander d’aller au-delà de la seule discipline qu’il étudie. Pour qu’il puisse le faire, les universités doivent modifier la structure des programmes et y introduire de la souplesse de telle sorte que l’étudiant puisse ajouter des compétences supplémentaires, de préférence de son choix ou liées aux compétences attendues par le monde professionnel.
  2. Au niveau de l’offre d’enseignement, il faut créer une nouvelle synergie des disciplines. Les métiers de demain sont inconnus actuellement, il faut donc assouplir les collaborations pour faire travailler de nouvelles équipes. Introduire des réflexions philosophiques critiques par exemple dans certains parcours permet de donner une orientation nouvelle.
  3. Lorsqu’on a pris conscience du stress de beaucoup d’étudiants, par exemple lors de leur deuxième cycle parce qu’ils se demandent ce que sera leur avenir personnel, il faut structurellement rencontrer ce stress et élaborer avec les étudiants des stratégies novatrices, avec par exemple des possibilités de stage, de tutorat ou autres mesures qui leur permettront de connaitre le monde du travail ou encore des modifications de programmes qui leur faciliteront l’entrée dans ce monde.
  4. Il faut apprendre aux étudiants à construire leur propre fil rouge. Les ressources humaines vont privilégier des candidats avec des projets. En engageant quelqu’un sur base de son potentiel, l’entretien sur sa vision de son propre avenir va primer.
  5. Il faut renforcer l’étude des langues, à commencer par la langue maternelle. Chaque langue supplémentaire augmente l’employabilité. Il peut s’agir de langues internationales, mais aussi de langues nationales.
  6. Il faut garder les valeurs stables véhiculées par les universités. Le tout à l’employabilité n’est pas la bonne solution non plus. Lorsque des étudiants ont été formés sur base de valeurs bien ancrées, ils peuvent aussi apporter quelque chose de plus dans les entreprises en insistant sur ces valeurs. Ces valeurs se décrivent comme des attitudes et des prises de décision respectant la priorité à l’humain.
  7. Les acteurs du système doivent se confronter au monde politique lorsque de commun accord, ils ont des projets décisionnels qui vont dans le sens de l’employabilité et que les décisions les bloquent. 
  8. Il faut développer les compétences transversales dans la plupart des filières. Celles-ci permettent d’imaginer l’évolution des métiers vers les nouvelles contraintes du monde incertain de demain. Certaines études très spécialisées, pour lesquelles aucun emploi n’est prévu, peuvent néanmoins préparer mutatis mutandis les diplômés à un avenir professionnel pour peu que ceux-ci transfèrent les bonnes pratiques de leurs disciplines dans des champs nouveaux.
  9. Garder en mémoire la phrase de Pierre Kairouz :

« On ne peut faire prospérer l’entreprise sans faire prospérer l’être humain ».

Heinz Bouillon
Christine Babikian-Assaf
Louis Gerrekens