Plan pluriannuel 2013-2015


Préambule :

Le redéploiement de l’AFELSH voici une dizaine d’années est survenu au moment même où de profondes réformes de programmes ont été décidées au niveau international. Comme ce processus, dit de Bologne, concerne la quasi-totalité des pays francophones, l’AFELSH a, dès le commencement de la mise en œuvre des nouveaux programmes en 2004, accompagné cette très longue mutation des pratiques institutionnelles en essayant d’en couvrir les étapes successives. De cette manière, l’Association répondait à une forte demande des doyens de Facultés (surtout du Sud) peu habituées à travailler dans ces perspectives supranationales remaniées et bien souvent fort mal équipées pour partager l’information – il ne faut pas oublier que, si elles drainent un très large public d’étudiants, les Facultés de Lettres et Sciences Humaines sont rarement riches et, moins souvent encore, interconnectées.

Des colloques institutionnels ont été réalisés dans un premier temps, qui ont débouché sur des actions concrètes et durables ; en ont émergé diverses demandes d’action ponctuelle et de réflexion institutionnelle que l’AFELSH a rencontrées dans la mesure de ses moyens. Ce n’est pas l’endroit ici de faire un historique exhaustif des actions menées; qu’il soit donc simplement fait état des éléments qui rendent compréhensible la genèse du projet déposé ce jour.

Comme le montre clairement le site interactif entièrement remis à jour en 2012 (Afelsh.org), plusieurs exigences institutionnelles récentes sont revenues tels des leitmotivs dans les demandes adressées à l’AFELSH par ses membres. Pour de nombreuses institutions de nos domaines, la notion même d’exigence de qualité est neuve, voire inattendue, mais, les demandes d’évaluation de qualité facultaires rencontrées ces dernières années en attestent, elle gagne toutes les régions : Madagascar, le Liban, le Cameroun en sont autant d’exemples. Pour des Facultés ou Etablissements de Lettres et Sciences humaines, cette exigence de qualité s’apparente bien souvent à une révolution dans les mentalités, ce que l’on a trop tendance à oublier quand on provient de domaines dits de sciences dures, où ces pratiques sont normalement établies depuis bien longtemps. C’est là un des axes de travail majeur de l’AFELSH au cours de ces dernières années.

En même temps, la définition de standards doctoraux à l’échelle internationale met également nombre d’institutions en difficulté – soit qu’elles ne peuvent organiser une formation doctorale à elles seules soit même qu’elles n’organisent tout simplement pas de troisième cycle. Pire encore : sans une mutualisation des pratiques à l’échelle de régions entières, les formations doctorales en langue française sont tout simplement menacées de disparition dans des pans entiers de la francophonie, avec, à moyen terme, les conséquences les plus pernicieuses pour la diffusion du français dans ces régions. Aussi est-ce à cette indispensable mutualisation que l’AFELSH s’est résolument attaquée en initiant d’abord la création de  collèges doctoraux et en en accompagnant ensuite la mise en œuvre et le fonctionnement par le biais de ses experts : le Codframo (Moyen Orient) et le Codfreurcor (Europe Centrale et Orientale) sont les deux fleurons à l’actif de l’AFELSH en ce domaine.

Projet 2013-2015

Sur la base des expériences  et expertises ainsi accumulées et avec l’aide des experts AFELSH (dont la liste est consultable sur le site déjà mentionné), le comité exécutif de l’AFELSH a décidé de déposer un ambitieux projet global pour les trois années à venir. Celui-ci combinera les différents éléments énoncés ci-dessus ; en quelques mots, il peut être défini comme la volonté de réaliser la mise en place d’un

Collège doctoral en Afrique Centrale et des Grands Lacs.

Ambitieux, ce projet l’est assurément. En effet, nombre d’institutions de la région visée n’offrent pas encore de formation doctorale à ce jour, ce qui les handicape bien évidemment lorsqu’il s’agit d’assurer la pérennité et la qualité de leur travail et d’offrir le meilleur service possible à leurs apprenants. D’autres institutions ont une formation de troisième cycle et sont alors soumis à une réelle pression du nombre, car elles sont censées encadrer des doctorants d’origines diverses sans nécessairement être équipées pour cela. Le projet vise à faire se rencontrer ces deux extrêmes dans une pratique harmonisée.

En outre, les considérations d’assurance qualité, inhérentes aux formations doctorales, doivent indubitablement encore être créées ou consolidées suivant les cas – c’est ce que vient de montrer l’évaluation de la Faculté FALSH de Yaoundé I, demandée par son Doyen et dont le déroulement et les résultats ont valu à l’AFELSH l’approbation publique des Autorités les plus éminentes (voir en annexe la lettre de M. le Ministre de l’enseignement supérieur du Cameroun). Ce n’est que sur des fondations ainsi renforcées qu’il sera possible de faire fonctionner un collège doctoral à l’échelle d’un aussi vaste territoire.

Pour pouvoir mener à bien une telle mission, l’AFELSH a fixé un calendrier d’action (voir aussi fiches ci-joint) :

  1. Mars 2013 : Paris : Réunion d’experts pour la programmation et le déploiement du projet.
  2. Novembre 2013 : Yaoundé : Séminaire sur les points focaux du Collège doctoral. Avec la participation d’experts de l’AFELSH et des doyens de la région. Répartition des tâches, établissement d’un calendrier et d’un cahier des charges, …
  3. En parallèle avec ces deux temps forts (et dès le mois de mars) : Missions de prospective, d’audit et d’expertise. Il conviendra d’analyser les besoins, d’évaluer les moyens à mutualiser, d’apporter l’expertise nécessaire à la création des conditions permettant d’atteindre l’objectif fixé. Un des défis majeurs à rencontrer consiste dans le renforcement des capacités et titres des enseignants. Ces actions auront lieu tout au long de la période de trois ans.
  4. Dans ce cadre, il convient de continuer à assurer l’analyse de la qualité ; différentes évaluations de facultés partenaires au projet sont d’ores et déjà à prévoir. Un minimum d’une à deux évaluations sur base annuelle est indispensable si on veut garantir que, au terme des trois ans, un nombre suffisant d’universités offrent toutes les garanties à la stabilisation du Collège doctoral.
  5. Concrétisation du projet, rédaction des textes constituants (charte du collège doctoral, notamment), mise en place et suivi. Il est difficile de prévoir les étapes temporelles, mais il est évident qu’elles requerront des investissements réguliers tout au long du processus. Certes, Internet permettra de faciliter les démarches et l’aide des campus numériques de l’AUF sera sans nul doute sollicitée, mais il faut prévoir des déplacements dans différents pays. Un comité de suivi devra être instauré, qui fera le point lors de rencontres (virtuelles et) réelles. Timing envisagé : Mai 2014 et mai 2015. Comme pour le CODFRAMO et le CODEURCOR, un suivi longitudinal sera installé, qui ira au-delà de la période de trois ans

Ces diverses étapes du processus apparaissent de manière chiffrée dans les tableaux ci-dessous. Les moyens propres de l’AFELSH (cotisations, participation des institutions-membres, …) seront également affectés pour une large part à la réalisation du projet, qui devient l’activité phare des trois prochaines années.

Il va sans dire néanmoins que l’AFELSH restera à la disposition de tous ses membres et sympathisants dans d’autres régions du monde, pour monter des collèges doctoraux (il est fort possible que des pays de  l’Asie – Pacifique comme le Vietnam et la Chine sollicitent l’AFELSH pour cela dans un avenir proche) ou  pour d’autres activités institutionnelles telles que l’évaluation des facultés.

Le 12 décembre 2012